Les troubles d'apprentissage non verbaux sont moins connus que les troubles d'apprentissage du langage (la dyslexie, par exemple). En règle générale, les personnes avec troubles d'apprentissage non verbaux :
- ont une excellente mémoire de ce qu'elles entendent
- ont de la difficulté à se rappeler des choses qu'elles voient
- ont une bonne aptitude à la lecture
- ont peu d'aptitudes pour les mathématiques
- s'expriment très bien verbalement et ont un excellent
raisonnement verbal
- éprouvent de la difficulté au niveau de l'expression écrite (souvent due à une écriture médiocre)
- éprouvent de la difficulté à s'orienter et à estimer les grandeurs, formes et distances
- ont de la difficulté à interpréter les jeux de physionomie, les gestes, les signaux de comportement social, les tons de voix
Les troubles d'apprentissage non verbaux ne sont souvent pas diagnostiqués parce qu'on a tendance, dans la plupart des systèmes scolaires publics, à se baser sur l'aptitude à la lecture comme indicateur principal que tout va bien dans les études. Les troubles d'apprentissage non verbaux, de par leur impact marqué sur l'interaction sociale et sur le rendement scolaire, constituent un défi unique pour les parents, enseignants, enseignantes et pour les consommateurs et consommatrices adultes.
Les principales caractéristiques des troubles d'apprentissage non verbaux comprennent :
- des troubles au niveau de la perception ou de la sensibilité tactile, généralement du côté gauche du corps;
- des difficultés au niveau de la coordination, également généralement du côté gauche du corps;
- des difficultés avec l'organisation visuospatiale;
- une difficulté extrême à s'adapter aux situations complexes et nouvelles;
- le fait de compter sur le comportement machinal (qui peut ou ne pas être adéquat) lors de situations nouvelles;
- de la difficulté à saisir les réactions non-verbales en situation
de groupe;
- des difficultés au niveau de la perception et du jugement de la dynamique d'un groupe ainsi que de l'interaction sociale;
- la déformation de la notion du temps;
- des aptitudes verbales machinales très fortes (vocabulaire très étendu, par exemple);
- le fait de compter en premier lieu sur le langage comme principale façon de communiquer socialement, recueillir des renseignements et se soulager de son anxiété;
- des difficultés en arithmétique et, plus tard, avec les concepts et théories scientifiques;
- la distractivité et l'hyperactivité tôt pendant l'enfance, puis le retrait social plus tard dans la vie.
Lorsqu'on évalue des personnes avec troubles d'apprentissage non verbaux, on s'aperçoit habituellement que les résultats de leurs tests du QI sont, au niveau de la performance, inférieurs de façon significative aux résultats du QI sur le plan verbal. Ceci est dû à leur faiblesse sur le plan visuospatial.
LES JEUNES ENFANTS
Les jeunes enfants avec troubles d'apprentissage non visuels ont tendance à s'égarer en s'éloignant de la maison ou de groupes et à se perdre facilement. Des problèmes au niveau de leur coordination motrice ont souvent pour conséquence qu'ils renversent leur nourriture pendant les repas et qu'ils éprouvent de la difficulté à s'habiller d'eux-mêmes. Des difficultés au niveau des aptitudes spatiales surgissent dû à la faible compréhension des informations non verbales (photographies, dessins animés, notion du temps, par exemple) et des tâches non verbales comme les casse-tête.
Plusieurs enfants avec troubles d'apprentissage non verbaux se servent des mots à la façon des adultes et apprennent à lire avant d'aller à l'école parce qu'ils sont forts sur le plan auditif. Il essaient souvent de cette façon de se renseigner sur le monde qui les entoure en posant sans cesse des questions aux adultes plutôt qu'en essayant de trouver d'eux-mêmes les renseignements en question. Ce manque de précision au niveau de leur perception visuelle, leur maladresse physique et leur difficulté à incorporer l'information dans l'espace et dans le temps font qu'ils ont beaucoup plus de difficulté à comprendre ce qui se passe dans le monde physique autour d'eux. Cette façon de compenser peut toutefois rendre le problème encore plus difficile à résoudre parce que moins l'enfant explore son environnement physique, moins il apprend sur la relation entre les objets dans l'espace.
SUR LE PLAN SCOLAIRE
Les élèves avec troubles d'apprentissages non verbaux semblent généralement posséder des aptitudes intellectuelles au-dessus de la moyenne dû à leurs points forts sur le plan verbal, mais ils éprouvent souvent des difficultés lorsqu'ils atteignent le niveau secondaire.
Les problèmes spatiaux et de la coordination compliquent la situation du jeune élève lorsqu'il écrit en caractères d'imprimerie ou en écriture cursive, lorsqu'il/elle apprend les mathématiques, à lire l'heure, à lire et colorier des cartes géographiques ou encore lorsqu'il veut se rappeler de l'endroit où il se trouvait sur une page. Lorsqu'il arrive à l'école secondaire, un langage verbal plus complexe est basé sur des processus non verbaux tels que la relation dans l'espace (en sciences, par exemple) et le placement selon un ordre logique (deux aptitudes nécessaires pour écrire une composition ou une dissertation). Ceci peut être la cause de problèmes dans des matières autres que les mathématiques. De plus, ces élèves éprouvent souvent de la difficulté avec la notion du temps et d'autres activités qui font appel à une bonne perception spatiale dont la façon de placer du matériel écrit sur une page, effectuer des changements, coudre et dactylographier.
Tout au long de leurs années d'école, les enfants avec troubles d'apprentissage non verbaux sont souvent inattentifs et peu organisés parce qu'il éprouvent de la difficulté à intégrer et interpréter l'information qui s'offre à eux. Ils ont tendance à s'arrêter à tous les détails qui se présentent plutôt que d'essayer de les combiner de façon logique pour être mieux compris. De cette façon, l'élève se trouve rapidement noyé sous ce surplus d'information, ce qui explique que ces élèves aient souvent tendance, pour mieux composer avec ce genre de situation, à s'accrocher à leur habitudes et à la routine familière qui les aident à mieux structurer leur monde. Cette forme d'adaptation est parfois interprétée à tort comme étant un mauvais comportement.
Plus tard, lorsque l'étudiant(e) est au secondaire et au postsecondaire, l'information est souvent présentée sous forme de cours magistral. Les élèves avec troubles d'apprentissage non verbaux éprouvent alors de la difficulté parce qu'ils doivent incorporer l'information qu'ils entendent par l'action d'écrire, ce qui est fort difficile parce que leur écriture est maladroite et lente. De plus, les élèves qui attachent autant d'importance aux menus détails à mesure qu'ils apparaissent éprouvent beaucoup de difficulté à faire la distinction entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
Le corps enseignant peut appuyer les élèves avec troubles d'apprentissage non verbaux en faisant un survol de la matière à couvrir, en projetant les principaux points à l'aide d'un rétroprojecteur pendant le cours, en fournissant des horaires clairs des événements de la journée, en sectionnant les tâches complexes en plus petites sections, dans l'ordre, en se servant de la discussion plutôt que du format conférence pour élaborer et intégrer les idées et en faisant appel aux points forts des élèves, dont l'apprentissage par coeur, pour les aider à développer des habitudes et des routines pour qu'ils/elles puissent organiser eux-mêmes leur travail.
QUESTIONS SOCIALES ET AFFECTIVES
Il semblerait que la plus grande préoccupation des élèves et des adultes avec troubles d'apprentissage non verbaux soit les aptitudes sociales. Le fait qu'ils éprouvent de la difficulté à traiter l'information non verbale et spatiale a pour résultat qu'ils ne voient pas ou ne savent pas comment interpréter des signaux de comportement social subtils tels que les jeux de physionomie, les gestes et les tons de voix.
Contrairement à l'élève qui éprouve des difficultés au niveau de la lecture, mais qui réussit bien sur le plan social et sportif, l'élève avec un trouble d'apprentissage non verbal éprouve de la difficulté dans tous les domaines. Ceci peut avoir pour conséquence l'isolement social et les enfants chercheront parfois à alléger ce problème en ne communiquant qu'avec les adultes qui apprécient davantage leurs points forts sur le plan verbal et qui s'arrêtent moins à leur maladresse physique ou à la contravention de convenances sociales.
Toutefois, étant donné que les enfants avec troubles d'apprentissage non verbaux réussissent très bien sur le plan verbal, les parents et le corps enseignant ont tendance à attribuer leur échec scolaire et social à la paresse ou à la faiblesse de caractère. Ceci peut être à l'origne de problèmes émotionnels tels que la dépression et l'anxiété qui peuvent s'exprimer par des actions intériorisées (se ronger les ongles et les petites peaux des ongles, maux de tête, problèmes gastriques, phobies, par exemple).
Les parents et les enseignants/enseignantes peuvent aider les élèves avec troubles d'apprentissage non verbaux à acquérir des aptitudes sociales plus efficaces en leur parlant de ce qui est acceptable ou non en société et en jouant avec les enfants à des jeux où ces derniers doivent deviner l'impression qui va avec les jeux de physionomie et les tons de voix (et décider de la réponse adéquate!). Les ami(e)s et les conjoint(e)s des adultes avec troubles d'apprentissage non verbaux peuvent les aider en portant à leur attention les règles sociales et en insistant sur le message souvent transmis par un geste ou un regard.
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